Cet article résume les présentations d’un atelier sur les initiatives de sécurité routière dans les petites municipalités, dans le cadre du Congrès 2014 de l’Association des transports du Canada (ATC).
Note de la rédaction – Dans cette contribution aux Nouvelles de l’ATC, Catherine Berthod, ingénieure et urbaniste, Direction de la sécurité en transport, ministère des Transports du Québec, nous donne un compte-rendu des initiatives de sécurité routière dans les petites collectivités. Proposé par le Groupe de travail sur les petites municipalités de l’ATC, cet article s’inscrit dans une série d’articles décrivant les enjeux et défis auxquels font face les petites collectivités.
Les conférenciers de cet atelier, organisé par le Groupe de travail sur les petites municipalités, ont montré les actions que les municipalités peuvent mettre en œuvre pour améliorer la sécurité routière dans leur territoire, mais aussi les défis qu’elles doivent relever, particulièrement lorsqu’elles sont de petite taille.
Deux conseillers municipaux de Saint-Liboire (Québec), M. Yves Winter et Mme Guylaine Morin, ont d’abord présenté les résultats du Comité de la Circulation routière mis en place en 2006 par cette municipalité de 3 000 habitants, située à proximité de l’agglomération de Montréal. Son mandat est d’étudier les problématiques de circulation routière sur le territoire, de proposer au conseil municipal des solutions et de sensibiliser la population aux petits gestes qui peuvent changer les choses.
En collaboration constante avec la Sûreté du Québec et les intervenants du milieu, le Comité a mis en place les initiatives suivantes :
L’implication constante et soutenue de plusieurs personnes au sein de la municipalité a incontestablement permis d’améliorer les comportements des usagers et leur sécurité.
Par la suite, M. Nicolas Saunier, professeur agrégé à la Polytechnique de Montréal, a présenté le diagnostic et le plan d’action de sécurité routière sur le réseau routier municipal qui ont été réalisés pour la municipalité régionale de comté (MRC) d’Arthabaska (Québec). Cette MRC, située dans le Centre-du-Québec, compte 71 000 habitants répartis dans 22 petites municipalités de caractère rural et une ville de 45 000 habitants.
L’exercice a été réalisé en concertation avec une quarantaine d’organismes partenaires. Les analyses ont permis de faire ressortir les secteurs où l’on retrouve des taux d’accidents ou des indices de gravité plus élevés, ainsi que plusieurs problématiques, comme la vitesse excessive, la cohabitation de plusieurs usagers en milieu urbain mais aussi rural (cyclistes, véhicules agricoles) ou les risques dûs à la grande faune. Les pistes d’action proposées comprennent des mesures d’aménagement (entrées d’agglomération, réseaux piétonniers et cyclables), de signalisation, d’entretien des routes et des abords de route, de sensibilisation (par exemple auprès des agriculteurs) et de contrôle policier (notamment pour le respect des limites de vitesse).
L’analyse statistique des accidents représente un défi car le nombre d’événements sur le réseau municipal d’un territoire majoritairement rural est relativement faible. En particulier, il est difficile de cibler des sites de concentration d’accidents, ou de dégager des scénarios d’accidents. Par exemple, on observe très peu d’accidents impliquant des véhicules de ferme en milieu rural, mais c’est une préoccupation qui est souvent mentionnée par les usagers ou les policiers.
Le conférencier suivant, M. Raheem Dilgir, président de TranSafe Consulting Ltd., a souligné les défis que représente pour les municipalités le vieillissement de la population, en présentant les réalisations en matière de sécurité routière d’une petite collectivité de Colombie-Britannique. Les tendances démographiques on amené cette ville à rechercher de nouvelles solutions pour conserver de bonnes conditions de sécurité routière pour l’ensemble des usagers, y compris les plus âgés. En tant que piétons, ces personnes sont moins mobiles et plus vulnérables. En tant que conducteurs, leurs capacités de conduite peuvent être diminuées.
Les actions menées par la ville ont porté sur l’amélioration des infrastructures (notamment des aménagements modérateurs de la vitesse), la gestion de la circulation et particulièrement sur l’amélioration des déplacements piétons (élargissement de trottoirs, déplacement d’une traverse piétonne, amélioration de la signalisation, activités de sensibilisation des cyclistes).
Enfin, M. Darren Charters, ingénieur de la circulation à la Ville de Fredericton, a présenté les étapes qui ont mené à la transformation d’une intersection gérée par des arrêts en un carrefour giratoire, dans une zone connaissant un développement urbain rapide. L’augmentation du nombre de collisions a motivé la mise en place de mesures de signalisation (marquage, radar pédagogique) qui n’ont pas eu les effets escomptés. L’implantation de feux de circulation ayant été écartée, la construction d’un giratoire a été étudiée plus attentivement et finalement retenue.
Le giratoire a été construit à l’été 2012 et une baisse des collisions immédiatement constatée. Les usagers reconnaissent de plus en plus les avantages de cet aménagement, comme les élus municipaux qui seront prêts à appuyer l’aménagement d’autres giratoires. Cet exemple montre l’intérêt pour les municipalités d’innover en matière de sécurité routière pour mettre en place des mesures performantes. Les ressources nécessaires pour les études et les travaux d’aménagement ne sont cependant pas à négliger.
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