Atténuer les risques associés aux grands projets d’infrastructure

Mercredi, 2 Mars, 2022

Article vedette d’un commanditaire de l’ATC

Par Reece Bailey, vice-président exécutif, chef de secteur, Projets majeurs et mégaprojets, EXP

Au cours des dix prochaines années, le programme de développement d’infrastructure à l’échelle du Canada sera sans précédent en termes de taille, de calendrier, de complexité et de coût. Contrairement aux programmes précédents, ce programme pourrait être le résultat d’un sous-financement. Quelle qu’en soit sa cause, le résultat reste le même : le Canada a besoin d’infrastructures adéquates pour maintenir sa capacité concurrentielle sur la scène mondiale et prospérer en tant que nation.

L’importance du partage des risques dans les modèles d’exécution

Le risque joue un rôle essentiel dans les modèles de conception-construction (CC) et de partenariat public-privé (PPP). À mesure que l’ampleur, le financement et l’impact des projets augmentent, nous continuons d’évaluer la façon dont le risque peut être partagé dans le marché. Pour réaffecter et partager les risques, il est important de comprendre les différents modèles de projet et les leçons apprises qui peuvent être appliquées pour établir un meilleur modèle de partage des risques.

Cet article mettra l’accent sur Toronto, où les projets d’expansion des immobilisations se poursuivent, ainsi que sur plusieurs autres grands projets d’infrastructure CC/PPP.

Les modèles d’exécution exigent une diligence raisonnable avant d’être sélectionnés, car la sélection de chaque modèle doit reposer sur ce qui est le plus avantageux pour le client. Avec l’évolution des marchés, les entrepreneurs se sont adaptés pour mieux comprendre les impacts des risques et des résultats associés à divers modèles d’exécution. Chez EXP, nous constatons que les entrepreneurs hésitent à participer à des modèles de conception-construction, car le risque est trop élevé. Puisque le marché offre peu d’options dans ce domaine, la concurrence qui devrait exister pour que ces contrats maintiennent un équilibre sain de pression sur les prix des appels d’offres s’en trouve réduite.

En ce qui concerne les grands projets, la sécurité est essentielle. Pour améliorer le modèle de partage des risques, il est important de placer la sécurité au premier plan, car il existe une corrélation directe entre la sécurité et le risque. L’expérience que nous avons acquise en participant à des projets reposant sur différents modèles d’exécution nous démontre que lorsque le partage des risques est considéré essentiel dans un projet, nous avançons de manière plus transparente en tant qu’une seule et même équipe vers la réussite du projet. Nous avons été en mesure de comprendre, d’un point de vue dynamique, les risques associés à ces projets d’infrastructure et les raisons pour lesquelles divers éléments et processus comprennent et présentent des risques plus élevés. Par exemple, pendant le processus d’appel d’offres, le risque a tendance à être élevé, notamment à cause de nombreux éléments, dont l’incertitude, les données disponibles et les informations relatives à l’accord de projet (AP). Grâce à notre grande équipe de collaborateurs, nous voulons essayer d’atténuer les exigences contradictoires, les normes et les codes différents, ainsi que l’incohérence dans les objectifs du projet.  D’après mon expérience, l’incertitude du risque lié au projet s’atténue souvent une fois le projet enclenché. Cela est probablement attribuable à l’actualisation des risques, c’est-à-dire lorsqu’ils deviennent une réalité et lorsque le risque prévu se concrétise, ou alors lorsqu’un risque prévu est éliminé une fois que des données plus précises sont obtenues après le début du projet, de sorte que les niveaux de risques diminuent à mesure que le projet progresse. Le premier défi à relever pour un véritable partage des risques consiste à examiner la façon dont les accords de projet sont compilés et le niveau de détail qu’ils contiennent lorsqu’ils font l’objet d’un appel d’offres sur le marché. La définition et les exigences du projet peuvent aussi être élaborées en tandem avec les autorités contractantes (AC) et le concepteur-constructeur, ce qui crée un cadre de collaboration.

Les autres principaux éléments de risque de ces projets sont les services publics, les permis, les conditions du sol, les conditions météorologiques canadiennes et l’intégration. Bien qu’il existe de nombreux autres éléments de risque, ce sont des aspects importants qui devraient être pris en considération. Dans bien des cas, une fois les travaux entrepris, ces risques diminuent considérablement. Cependant, les systèmes de métro tels que les systèmes de transport souterrains à venir dans le cadre d’un appel d’offres ou les projets à venir à Toronto signifient que le projet ne sera inauguré qu’à des points clés tels que les puits de lancement et d’extraction. Les risques associés à la construction souterraine existent pendant la majeure partie du projet.

Pour améliorer le modèle de partage des risques, il est possible de mettre en place des modèles plus incitatifs et coopératifs. Divers modèles offrent des solutions possibles, notamment le modèle Alliance, le modèle à prix coûtant majoré et le modèle de conception-construction progressive, qui présentent tous des avantages en termes de partage des risques et d’amélioration de la certitude des inconnues de conception. Bien que chacun d’entre eux offre la possibilité de minimiser les risques, ils présentent également des risques et doivent être soigneusement sélectionnés en fonction de la capacité de risque des clients et des entrepreneurs ainsi qu’en fonction des résultats souhaités. 

Le modèle de conception-construction progressive prévoit un niveau élevé d’engagement entre le propriétaire, le concepteur et l’entrepreneur. La certitude est un élément requis pour chaque projet. Ce modèle est mis en œuvre au tout début du projet et suit un processus étape par étape en vertu duquel la conception est développée en collaboration avec l’AC et ses conseillers et les risques sont définis et résolus par toutes les parties qui travaillent ensemble. Ainsi, la conception progresse à un niveau qui permet à l’entrepreneur de CC de fixer le prix du projet avec beaucoup plus de certitude. En bref, il s’agit d’une approche « sans surprise ».

Tous les membres de l’équipe contribuant à un grand projet d’infrastructure évaluent plusieurs facteurs à la fois. En plus de la collaboration, les équipes établissent le calendrier et le temps requis pour l’accomplissement de toutes les tâches requises, y compris celles de la chaîne d’approvisionnement, de la main-d’œuvre et de la logistique, et, dans le monde trépidant de la CC, « le temps, c’est de l’argent ».  Il n’y a pas d’équation parfaite pour le respect du calendrier. Cependant, la nature collaborative de la construction progressive de la conception contribue à l’atténuation des risques dès le début, puisque l’estimation de la construction est effectuée dans les phases préliminaires de la conception du projet. Cela permet à l’entrepreneur de prendre en compte les coûts des matériaux, les ajustements à la portée, au budget et au calendrier – ce qui améliore la certitude et la prévisibilité. Par exemple, pour les ingénieurs qui envisagent les complexités de la relocalisation ou du maintien en place des services publics pour un projet, il est important que le modèle de conception ait été testé, qu’il ait été montré aux entreprises de services publics en temps réel afin qu’elles soient à l’aise avec le processus proposé et qu’elles comprennent la conception, ce qui, au bout du compte, contribuera à atténuer les retards éventuels.

Il existe de nombreuses options pour atténuer les préoccupations concernant la répartition des risques associés aux grands projets d’infrastructure. En tant qu’industrie, nous devons travailler ensemble pour arriver à un modèle qui convient à toutes les parties ou, à tout le moins, qui permet à toutes de commencer à travailler en tant que collectif avec les mêmes objectifs finaux et le même désir d’exécuter le travail. Nous avons besoin d’une solution qui permet la construction de projets incroyables, mais qui ne met pas les entreprises en faillite en raison de mauvais résultats financiers. Nous avons besoin d’une solution qui ne repose pas sur des litiges pour compenser les pertes et nous avons besoin d’une solution digne de confiance axée sur des intérêts, des objectifs et des risques partagés. Le processus de conception-construction progressive pourrait être cette solution. Ce modèle repose sur la collaboration entre les propriétaires et les entrepreneurs, il se prête bien aux grands projets d’infrastructure, et il encouragera les entrepreneurs à soumissionner pour de grands projets, ce qui favorisera une concurrence saine tout au long du processus d’appel d’offres.

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