Article vedette d’un commanditaire de l’ATC
Par Caitlin Burley, directrice, Programmes stratégiques et transports, SGDN
Chaque année, environ un million de cargaisons radioactives sont transportées en toute sécurité au Canada. Le transport sécuritaire des matières radioactives est monnaie courante au Canada. De plus, puisqu’un plan a été établi pour consolider et entreposer en toute sécurité tout le combustible nucléaire irradié du Canada dans un dépôt géologique en profondeur, de nombreux Canadiens et peuples autochtones se demandent ce que cela signifie pour le transport du combustible nucléaire irradié du Canada et comment cela peut-il être fait en toute sécurité.
Depuis 2002, le Canada va de l’avant en déployant son plan de gestion sûre et à long terme du combustible nucléaire irradié du Canada. Piloté par la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN), ce plan de protection de la population et de l’environnement a été élaboré dans le cadre d’un dialogue de trois ans avec le public, entre 2002 et 2005.
Le Canada s’est engagé sur cette voie parce que, pendant des décennies, nous avons compté sur l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité afin d’alimenter nos maisons et nos entreprises. Par conséquent, il existe un inventaire de combustible nucléaire irradié qui doit être géré en toute sécurité à long terme, au-delà de l’entreposage sûr – mais temporaire – utilisé aujourd’hui. Il est important de noter que le combustible nucléaire irradié est un amas solide stable qui a à peu près la taille d’une bûche de foyer. Ce n’est pas un matériau liquide ou explosif comme beaucoup de gens l’imaginent où s’y attendent.
À la base, le plan du Canada comprend l’élaboration d’une approche sûre et socialement acceptable pour le transport de plusieurs millions de grappes de combustible irradié des installations provisoires des sites de réacteurs nucléaires jusqu’à un dépôt géologique en profondeur situé à 500 mètres sous terre, soit à peu près la hauteur de la tour du CN. L’ampleur et la portée sont remarquables, représentant l’un des plus grands projets d’infrastructure de l’histoire de notre pays.
Bien que le programme de transport ne commencera pas avant que le dépôt ne soit opérationnel dans les années 2040, nous reconnaissons qu’il s’agit d’un sujet d’intérêt public général, et nous avons donc commencé notre planification tôt.
Élaboration du cadre pour un transport sécuritaire
En tant que chefs de file de la gestion du combustible nucléaire irradié, nous savons que nous avons la responsabilité d’écouter. Trop souvent, on nous apprend à penser que le leadership consiste à conduire l’action sans tenir compte de ce que les autres pensent, disent ou ressentent. Il est fondamental pour réussir que nous puissions écouter et comprendre les questions et les préoccupations que nous entendons de la part des Canadiens et des peuples autochtones et que nous puissions élaborer un plan qui répond à ces questions et à ces préoccupations. Cette approche s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par la SGDN pour harmoniser son travail avec le savoir autochtone, y compris les sept enseignements des grands-pères que sont l’humilité, la bravoure, l’honnêteté, la sagesse, la vérité, le respect et l’amour.
En 2015, nous avons entamé un dialogue inclusif sur le transport afin d’entendre un échantillon diversifié de personnes, de municipalités, de communautés et d’organisations des Premières Nations et des Métis, ainsi que de premiers intervenants de partout au pays.
À ce jour, nous avons consulté des milliers de Canadiens et d’Autochtones pour comprendre leurs points de vue, leurs suggestions, leurs questions et leurs préoccupations concernant le transport du combustible nucléaire irradié.
Pour aller encore plus loin dans le dialogue public, nous avons publié en janvier 2022 deux documents, le Cadre de planification du transport et le Plan de transport préliminaire de la SGDN. Ces documents répondent aux questions et aux préoccupations du public au sujet du transport et décrivent les approches et les considérations qui seront prises en compte dans notre planification à long terme.
Figure 1 : Cadre de transport du combustible nucléaire irradié co-créé avec le public
Le Cadre de planification du transport énonce les objectifs, les priorités et les considérations pour le transport du combustible nucléaire irradié. Il s’appuie sur les commentaires du public sur une première ébauche publiée en 2020.
Le plan de transport préliminaire est un plan conceptuel qui décrit des méthodes éprouvées et des pratiques exemplaires internationales, tout en donnant un aperçu des approches techniques proposées, des exigences réglementaires et des hypothèses de planification qui seront utilisées et mises à profit pour assurer la sécurité et la sécurité des transports .
Le parcours du Canada en matière de combustible nucléaire irradié
À l’heure actuelle, les installations provisoires de gestion du combustible nucléaire irradié du Canada sont situées sur les sites des réacteurs nucléaires de l’Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick, ainsi que sur les sites d’Énergie atomique du Canada limitée au Manitoba et des Laboratoires de Chalk River, en Ontario.
On prévoit choisir le site pour le dépôt géologique en profondeur en 2024. Deux zones d’implantation potentielles demeurent dans le processus axé sur les collectivités : la région de South Bruce, dans le sud de l’Ontario, sur le territoire traditionnel de la Nation ojibway de Saugeen, et la région d’Ignace, dans le nord-ouest de l’Ontario, sur le territoire traditionnel de la Nation ojibway de Wabigoon Lake.
Le transport à partir du site d’entreposage provisoire jusqu’au dépôt se fera par la route ou par une combinaison de routes et de rails, selon le site choisi. Le transport se fera principalement à l’aide de l’infrastructure existante et nécessitera environ 50 ans, selon l’inventaire de combustible irradié à gérer.
Il est important de comprendre que le plan préliminaire de la SGDN est fondé sur plus de 60 ans d’expérience et d’expertise démontrées au Canada et à l’étranger.
Au Canada, des centaines d’expéditions de combustible irradié ont été effectuées depuis les années 1960. Jusqu’à cinq cargaisons de combustible nucléaire irradié sont transportées par la route chaque année. De plus, en près de 60 ans de transport de combustible nucléaire irradié à l’étranger et au Canada, il n’y a pas eu de blessures graves, d’effets sur la santé, de décès ou de conséquences environnementales attribuables à la nature radioactive du combustible nucléaire irradié transporté, et ce, grâce aux exigences réglementaires strictes qui sont en place.
Le combustible nucléaire irradié est la matière la plus réglementée transportée au Canada. Il est réglementé conjointement par la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) et Transports Canada. La CCSN est responsable de l’application des normes internationales établies par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Pour être autorisée à transporter du combustible nucléaire irradié, la SGDN devra démontrer à ces autorités la sûreté et la sécurité de son réseau de transport.
Le Plan de transport préliminaire comprend de nombreux détails sur les mesures mises en place pour que les activités de transport respectent les règlements canadiens stricts et les normes internationales. Cela comprend l’élaboration de plans détaillés de sécurité et d’intervention d’urgence, la mise en place d’un centre de commandement ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, qui surveillera en permanence les expéditions et le recours à des escortes de sécurité.
De plus, un ensemble de transport spécialisé qui doit être certifié par la CCSN est au cœur de la planification du transport sûr et sécuritaire de la SGDN. Les conteneurs de transport de combustible nucléaire irradié sont conçus et testés pour résister à des conditions extrêmes. Ces tests comprennent un test de chute, un test de perforation, un test d’engloutissement complet et un test d’émersion dans l’eau. En plus de ces tests, de nombreux essais de démonstration ont été effectués au fil des ans. Par exemple, un train roulant à 160 km/h a été écrasé dans un ensemble grandeur nature. Après cet impact, la cargaison était intacte et les dommages n’étaient que superficiels.
Figure 2 : Corps du conteneur de transport de combustible irradié, couvercle et limiteur d’impact
Quelle est la prochaine étape?
Conformément à notre engagement à écouter les peuples autochtones et à harmoniser notre travail avec leur savoir, le processus de planification du transport au cours des deux prochaines décennies sera une activité dynamique et collaborative, et nous encourageons toutes les personnes qui le souhaitent à y participer en fournissant des commentaires, en posant des questions et en faisant part de leurs préoccupations.
Les connaissances autochtones et locales sont essentielles à ce processus, et il est important que notre travail réponde non seulement aux exigences réglementaires, mais aussi aux questions et aux préoccupations des gens. Par conséquent, nous nous sommes engagés à mettre à jour notre cadre de planification tous les trois ans pour décrire ce que nous apprenons de ce dialogue et la façon dont nous nous efforçons de nous adapter et de nous améliorer sur une base continue.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur les travaux de planification du transport de la SGDN, veuillez consulter le site Web suivant : Transport du combustible nucléaire irradié (nwmo.ca/fr). Nous nous réjouissons à l’idée d’avoir l’occasion de continuer à écouter les Canadiens et les peuples autochtones au fur et à mesure que le plan du Canada progresse.